C’est un gros coup dans le petit monde du conseil en restructuring. En ayant réussi à attirer Pascal Gounon, qui dirigeait le practice concurrent chez PwC depuis 2021, EY confirme l’attractivité de son modèle : une approche transversale et globale du conseil aux entreprises en difficulté. Il interviendra en tant que co-responsable Turnaround & Restructuring Strategy, de concert avec Guillaume Cornu, figure historique du métier.
« Nous nous connaissions depuis longtemps, et je lui avais plusieurs fois fait part de notre sollicitation à nous rejoindre », se souvient Guillaume Cornu. « Je suis très heureux d’avoir réussi à convaincre Pascal de nous rejoindre. Nous partageons la même vision du métier, mais aussi les mêmes valeurs. D’abord l’esprit d’équipe, une qualité essentielle dans nos professions, mais aussi la fidélité ». « Vous dites cela alors qu’il quitte sa maison pour en rejoindre une autre ? » « Oui, Pascal a passé 20 ans chez PwC, et cet engagement montre une loyauté et une fidélité incontestables. Je suis convaincu que nous allons prendre beaucoup de plaisir à faire équipe pour accompagner nos clients sur des projets passionnants comme l’est ce métier que nous faisons depuis si longtemps, lui et moi ».
Cet ingénieur ETP de formation a en effet, après sa sortie d’HEC-Entrepreneurs, débuté chez PwC, où il a gravi tous les échelons et travaillé sur un grand nombre de sujets au sein des activités Deals et notamment en restructuring, où il s’est spécialisé dès 2008. Il a été nommé associé en 2017, puis co-responsable du département en 2021. « Alors pourquoi prendre le risque du changement en rejoignant une nouvelle équipe ? »
L’équipe EY Restructuring : un positionnement transverse et global
La réponse se trouve certainement dans le positionnement très spécifique qu’occupe EY sur le marché du restructuring. « Il est unique, assure Guillaume Cornu. Aucune autre structure n’a réussi, comme l’a fait EY, à intégrer les métiers de la stratégie, de l’opérationnel, de la finance et du distressed M&A au restructuring ». Et c’est bien là la force d’EY : aller au-delà de l’IBR (Independent Business Review), ne pas aborder les problématiques des entreprises en difficulté par la seule lorgnette de l’analyse financière. Mais plutôt, d’être capable de proposer une offre de compétences complémentaires et intégrées.
Ainsi le restructuring d’EY fait partie intégrante de la marque EY-Parthenon, qui pilote le conseil en stratégie. Parmi les différentes disciplines qu’elle abrite, l’expertise et les questions de restructuring opérationnel sont conduites par Sophie Barbé et Fabien Terraillot, qui ont rejoint EY en 2022. Leurs équipes interviennent sur des sujets de plans de transformation, d’optimisation du BFR, de gestion de trésorerie et de réorganisation sociale. Elles sont épaulées par l’équipe M&A de Mathieu Carlier qui s’occupe notamment des dossiers de distressed M&A et de transactions dans des contextes de sous-performances (mandat ad hoc, conciliation, redressement judiciaire, Florange…).
Enfin, les aspects financiers sont traités par trois associés et leurs équipes, Guillaume Cornu, Pascal Gounon et Julien Brindeau, qui travaillent sur des sujets d’IBR, de conseil financier, de due diligences financières, de définition de plans de relance… Dans l’ensemble de ces missions et, par leurs regards croisés, les associés apportent une grande expérience des situations et leur connaissance intime de l’environnement du restructuring.
« Le point de départ pour apprécier la situation d’une entreprise est l’analyse et la bonne compréhension de son modèle d’affaires et de son marché », martèle Guillaume Cornu. « L’IBR financière n’est pas suffisante ». EY greffe donc à un continuum d’expertises une approche sectorielle et stratégique du métier du retournement en faisant bénéficier à ses clients, grâce à son organisation matricielle horizontale, de sa force de frappe dans l’ensemble des secteurs de l’économie.
« Nous avons l’agilité d’une petite structure / boutique et la force de frappe d’un Big Four »
Un positionnement qui a donc séduit Pascal Gounon. Et qui s’ajoute à une autre spécificité d’EY sur le marché : son maillage géographique et son implantation globale. « Nos différents bureaux en région nous permettent d’être au plus proche des PME et ETI, explique l’intéressé. Et l’organisation de notre métier, complètement intégrée au niveau EMEA, est une force pour les multinationales dont les difficultés ne s’arrêtent pas aux frontières d’un pays. »
Ainsi, alors que le marché du conseil en restructuring connaît d’importantes mutations, EY confirme et renforce son modèle. « Nous avons de très bons concurrents/ Nos concurrents sont aussi dans l’excellence » reconnaît Guillaume Cornu. « Mais notre force, c’est de combiner l’agilité d’une petite structure/boutique avec la force de frappe d’une grande entreprise, complète Pascal Gounon. Nous sommes capables d’intervenir partout, tant à l’international que dans les régions, et de nous mettre rapidement au service de tous types de dossiers, pour répondre de manière adaptée à des problématiques très spécifiques. »
Ces dossiers, justement, sont très divers. L’équipe en traite actuellement une trentaine, allant de la start-up aux faibles revenus mais gourmande en capitaux, aux groupes internationaux. « Nous intervenons le plus en amont possible des difficultés et des procédures de redressement judiciaire » développe le nouveau co-responsable du département. « Toujours dans des secteurs variés » (en ce moment, le cabinet traite beaucoup de dossiers dans le retail, les services, l’industrie automobile…). Ces dossiers reflètent les spécialités multiples d’EY Restructuring : plans de relance, optimisation de trésorerie, des opérations ou des coûts. L’équipe intervient sur la structure financière des entreprises au sens large, la valorisation d’actifs, leur éventuelle cession, l’ouverture du capital à de nouveaux investisseurs. « Toujours avec l’objectif d’apporter des solutions pour retrouver rapidement un équilibre, éviter les procédures collectives et se remettre sur le chemin d’une croissance pérenne ».
Une bien noble cause au regard de l’état actuel de l’environnement économique : avec la multiplication des crises, les entreprises peinent à retrouver un semblant de visibilité, indispensable au pilotage de leur activité. Ainsi, dans un contexte politique toujours aussi nébuleux six mois après la dissolution de l’Assemblée nationale, les défaillances d’entreprises se multiplient. « Nous sommes dans une période de refinancement, et pour beaucoup d’entreprises, les chiffres ne vont pas être au rendez-vous des objectifs fixés dans les business plans », décrit Guillaume Cornu. Dans ce contexte général extrêmement fragile et qui risque de continuer à se dégrader, la question pour les professionnels du retournement est de savoir si les entreprises connaîtront un « soft landing » ou une récession plus marquée. « Notre force en tant que conseiller, c’est notre grande expérience de situations très variées, et notre connaissance intime des secteurs d’activité, indique Guillaume Cornu. Mais surtout, pour bien faire notre métier, il faut être proche de ses clients et être au cœur de leur entreprise / aimer les gens. Quand un chef d’entreprise fait face à de telles difficultés, nous sommes dans une posture d’accompagnement, de coaching. Le sens humain et la psychologie font partie inhérente de notre métier ». Et de conclure : « cela, je suis convaincu que Pascal l’a en lui ».
Par Théo Sztabholz, écrivain