Alors qu’un certain nombre de cabinets de niche se consacrant exclusivement au restructuring ont changé de modèle ou évolué, on aurait pu penser que cette espèce rare allait disparaître. Mais ces structures hyperspécialisées, qui se comptent désormais sur les doigts de la main, ont vraisemblablement encore de beaux jours devant elles. L’une d’entre elles, portant le nom évocateur de Rescue, affirme son positionnement et s’impose comme un acteur incontournable de l’écosystème du retournement. Son fondateur, Serge Pelletier, s’est forgé au fil des années une réputation de « combattant serein », respecté tant pour ses qualités de juriste que pour ses valeurs d’homme. Désormais épaulé par deux collaboratrices, il montre avec Rescue la robustesse de ce modèle des cabinets de niche, alternative crédible aux grands cabinets multi-spécialistes, et joue les premiers rôles dans les beaux dossiers.
Rescue Law est avant tout la signature de son fondateur, Serge Pelletier. Un avocat au profil inhabituel qui a exercé plusieurs professions avant de revêtir la robe noire : collaborateur d’administrateur judiciaire puis auditeur chez Arthur Andersen. Un historique qui facilite le contact et la compréhension de ces professionnels au cœur des dossiers de restructuring. « Ses carrières passées créent des affinités au départ et facilitent les échanges », confirme Charles-Henri Carboni, administrateur judiciaire associé chez BCM. Un constat que partage Guillaume Réquin, associé chez Interpath Advisory, qui loue également « au-delà de sa compétence technique, sa capacité à comprendre les enjeux humains ».
Après avoir rejoint Jean-Dominique Daudier de Cassini chez Archibald Andersen, puis Brunswick pendant douze ans (dont huit à la tête de la practice restructuring) Serge Pelletier prend le pari de l’entreprenariat et lance son cabinet début 2019. Depuis, Rescue creuse son sillon dans l’écosystème du retournement, accompagnant habituellement des entreprises allant de la start-up jusqu’à la PME affichant entre 30 et 50 M€ de chiffre d’affaires, en amiable comme en judiciaire. « Nous jouions les premiers rôles sur des dossiers small et mid cap, ou des rôles plus secondaires sur des gros dossiers » résume l’intéressé, dont la fibre entrepreneuriale explique son penchant naturel pour le côté débiteur.
Conséquence de son positionnement de niche et de son équipe resserrée, « il est particulièrement présent et impliqué dans ses dossiers, rendant très agréable de travailler avec lui », confie Clotilde Delemazure, associée chez Grant Thornton, qui apprécie également « sa loyauté et sa combativité, qu’il tire de sa longue pratique des arts martiaux ». Une combativité qu’il ne faudrait pas confondre avec l’agressivité qu’on trouve parfois chez les avocats punchers. « Il a un ADN de négociateur, de conciliateur, mais il en impose, et il ne se laisse pas impressionner par des interlocuteurs virulents, précise Charles-Henri Carboni. Sa valeur ajoutée est encore plus appréciable en amiable, parce qu’il a cette capacité à apporter de la sérénité quand les esprits s’échauffent. »
2024 : une montée en gamme remarquable et remarquée
Autant de qualités qui ne passent plus inaperçues sur le marché. Ainsi, 2024 s’est avérée une année charnière pour le cabinet, qui s’est traduite par une montée en gamme remarquable et remarquée : Rescue se voyant attribuer le rôle central dans trois grands dossiers, accompagnant des ETI qui emploient entre 400 et 1.200 salariés, et réalisant jusqu’à 170 M€ de chiffre d’affaires. « Rescue n’est plus la petite boutique de niche, confirme Clotilde Delemazure. C’est un cabinet qui joue dans la cour des grands, et qui a prouvé sa capacité à intervenir sur tous types de dossiers ».
Si les beaux dossiers en appellent certainement d’autres, plusieurs facteurs expliquent l’ascension de ce cabinet qui surfe sur ce qui semble être son momentum. D’abord, un associé faisant valoir sa solide expérience, qui a su séduire l’écosystème du retournement par son excellence technique, ses valeurs humaines, et profiter de sa forte notoriété acquise notamment par son implication comme membre du bureau de l’ARE. Symbole de la reconnaissance de ses pairs et de l’environnement : sa récente élection en qualité de représentant des membres correspondants au conseil d’administration de l’IFPPC.
Ensuite, s’il est plutôt adepte des sports de combat en individuel, Serge Pelletier montre un sens appuyé du collectif dans ses relations tant en externe qu’en interne avec son équipe. Celle-ci, forte de deux collaboratrices et d’une assistante, joue, selon lui, un rôle déterminant dans la montée en gamme du cabinet.
Chez Sollenn Schlatter, qui a rejoint Rescue en 2021, Serge Pelletier loue cette pluridisciplinarité qui fait la force du cabinet, puisqu’elle a, elle aussi, après plusieurs expériences en cabinets d’avocats (DS Avocats et UGGC), exercé comme collaboratrice d’administrateurs judiciaires (notamment chez AJAssociés à Tours et AJILINK à Bordeaux) pendant six ans.
De même, Romane Holsnyder, montée dans le bateau en septembre 2024, bénéficie d’expériences significatives en cabinets restructuring (Simon Associés puis PLM Avocats). La jeune avocate, qui a prêté serment fin 2024, après avoir travaillé en alternance chez BTSG2 (mandataires judiciaires), a également réalisé un passage remarqué en étude d’administrateurs judiciaires (JUP), décrite par l’associé qui l’a accueillie comme « la meilleure stagiaire vue en 15 ans de carrière ».
Sans oublier Sophie Assante, leur assistante depuis l’origine qui a suivi Serge Pelletier lorsqu’il a lancé Rescue. Véritable cheville ouvrière, elle agit en office manager comme en opérationnel sur les dossiers de saisie immobilière du cabinet.
Comme une unité du GIGN : chacun amenant ses forces, ses compétences spécifiques et une personnalité bien trempée au service du Groupe, le potentiel de chaque individu étant maximisé par la force du collectif.
Selon Serge Pelletier, « nous sommes très complémentaires et heureux de travailler ensemble. Je pense que les clients comme notre environnement perçoivent la sérénité et le bien être qui règnent entre nous et que nous agissons en groupe, ce qui est important quand nous accompagnons les entreprises dans des situations d’urgence. Et cela contribue vraisemblablement au succès du cabinet, notamment en termes de montée en gamme ».
Décrites par Guillaume Réquin comme « très efficaces, agréables, sachant prendre le relais quand il le faut », les collaboratrices se dédient au restructuring, apportant une profondeur nécessaire à l’équipe pour assumer son nouveau statut. « J’essaie de leur laisser de la latitude, de les inciter à participer à la vie de l’écosystème, de les autonomiser en les exposant de manière significative » raconte leur associé, qui compare volontiers son équipe à une unité du GIGN : chacun amenant ses forces, une personnalité bien trempée, et dont le potentiel individuel est maximisé par la force du collectif.
Également très appréciée sur les dossiers : la capacité de l’équipe Rescue à collaborer avec les conseils historiques des clients. « Il travaille comme un caméléon, qui s’adapte à l’environnement et aux équipes déjà en place » décrit Guillaume Réquin. De fait, avec son positionnement de niche, Rescue « n’est pas là pour récupérer le dossier des équipes corporate en place, assure Serge Pelletier. Ainsi, le cabinet est souvent sollicité par des confrères ne disposant pas d’équipe restructuring : « Nous travaillons comme des urgentistes, qui interviennent à un moment crucial pour la survie de l’entreprise, aux côtés du médecin habituel. La médecine générale n’étant pas notre métier, passée la crise, nous n’avons pas vocation à nous maintenir dans le dossier et nous remettons pleinement l’entreprise entre les mains de son conseil habituel ».
Enfin, au cas par cas, grâce à son réseau très profond, Rescue est capable d’amener sur un dossier les autres briques juridiques ou pluridisciplinaires nécessaires à la résolution de la problématique. « La réussite de Serge montre la pertinence de ce modèle, et qu’il y a aussi de la place pour les petites structures de niche » résume Clotilde Delemazure.
Par Théo Sztabholz, écrivain