Par jugement du 23 octobre 2024, le tribunal de commerce d’Agen a arrêté le plan de redressement par classes de parties affectées de la société Lucien Georgelin, confiturier emblématique du Lot-et-Garonne et numéro deux du marché français de la confiture. La société pourra ainsi poursuivre ses activités malgré des difficultés financières accumulées ces dernières années.
Depuis plus de quarante ans, la société Lucien Georgelin, fondée dans les années 1980 par l’agriculteur du même nom, est basée à Virazeil dans le Sud-Ouest. Cette PME familiale s’est imposée dans les rayons des grandes surfaces en France et à l’international, grâce à ses méthodes de cuisson traditionnelles et à un savoir-faire reconnu.
Deuxième productrice française de confitures derrière son concurrent Andros (Bonne Maman), la marque compte plus de 700 références de produits, dont 150 variétés de confiture, et s’est diversifiée dans les sauces tomates, les pâtes à tartiner, les céréales pour le petit-déjeuner, les foies gras et les produits apéritifs.
L’entreprise affiche un chiffre d’affaires de 76.4 M€ en 2023 et sert une clientèle diversifiée allant des grandes surfaces aux hôtels-restaurants, collectivités et petites épiceries fines, où la marque propose une gamme exclusive “Mes P’tites Recettes”.
Cependant, celle-ci a été fragilisée par des difficultés financières, aggravées par la crise sanitaire et la hausse des coûts de production. Des investissements importants, dont un nouveau bâtiment de stockage autofinancé, ont mis sous pression la trésorerie du groupe.
Aussi, l’entreprise s’est placée sous la protection du tribunal de commerce d’Agen, qui a ouvert une procédure de redressement judiciaire à son égard le 6 juillet 2023. A noter qu’un redressement judiciaire a également été ouvert à l’égard de la branche céréalière du groupe, la SAS Georgelin.
L’adoption d’un plan de redressement par classes de parties affectées
En vue de l’élaboration et de la présentation d’un plan de redressement, 7 classes de parties affectées ont été définies par les administrateurs judiciaires, pour un passif d’environ 49 M€ (qui pourra être diminué en fonction de l’issu des contestations de créances en cours).
Le plan de redressement prévoit le remboursement intégral sur dix ans des créances fiscales (classe 1), sociales (classe 2), bancaires garanties par des sûretés réelles (classe 3 & 4), ainsi que des dettes fournisseurs (classe 5). S’agissant des créances bancaires chirographaires (classe 6), celles-ci seront remboursées à hauteur de 20 %, tandis que les créanciers ayant investi en capital (classe 7) abandonnent 100% de leurs créances.
Bien que l’une des sept classes de parties affectées se soit opposée au plan (la classe 6), celui-ci a pu être imposé en application de l’article L. 626-32 du code de commerce, qui permet d’imposer le plan à la classe réfractaire sous certaines conditions. Notamment, il a été démontré que la classe 6 ne se trouve pas dans une situation moins favorable du fait du plan que celle qu’elle connaitrait s’il était fait application de l’ordre de priorité pour la répartition des actifs en liquidation judiciaire ou du prix de cession de l’entreprise.
Aussi, par jugement du 23 octobre dernier, le tribunal de commerce d’Agen a arrêté le plan de redressement de l’entreprise par classes de parties affectées.
Le groupe emploie aujourd’hui environ 219 personnes dans ses usines de Virazeil et Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne.
A noter que le tribunal de commerce examinera le 19 novembre prochain le plan de redressement de la SAS Georgelin, branche céréales dont l’outil de production se trouve à Villeneuve-sur-Lot. À terme, une fusion des deux structures est envisagée, permettant de rapatrier l’outil de production de Villeneuve-sur-Lot vers le site principal de Virazeil, où les deux équipes seront regroupées.
SCP CBF Associés (Thibaut Patard-Piedmont, Christian Caviglioli, Alexis Dupuis) est intervenu en qualité d’administrateur judiciaire
SELARL Apex AJ (Philippe Thiollet, Ariane Duval) est intervenu en qualité d’administrateur judiciaire
SCP Odile Stutz (Odile Stutz) est intervenu en qualité de mandataire judiciaire
LMJ (Céline Leray) est intervenu en qualité de mandataire judiciaire
Luc-Christophe Dejean est intervenu en qualité d’avocat de la société Lucien Georgelin
Patrick Mauri est intervenu en qualité d’expert comptable de la société Lucien Georgelin
Par Agathe Caquineau